Dimanche 10 mars 2019

"La nuit m'enveloppe"



The Very Eye of Night de Maya Deren (1959, 15 min.)

Le thème de ce film est le monde intérieur de l'homme, dans lequel il entre au moment où il s'endort. Les lois, les qualités et les structures de ce microcosme sont comme celles du macrocosme: son espace et son temps sont sans limite mais les deux ont une logique imperturbable. La noirceur de la nuit comme l'opposé du jour efface le plan horizontal de la surface de la terre, et les mouvements des danseurs et de la caméra, libérés de la responsabilité d'un plan horizontal deviennent quadridimensionnels et directionnels comme ceux des oiseaux dans l'air ou des poissons dans l'eau.

Maya Deren est une réalisatrice américaine d'origine russe, née à Kiev le 29 avril 1917 et décédée à New York le 13 octobre 1961.
Personnalité majeure du cinéma expérimental américain des années 1940, Maya Deren réalise de nombreux courts métrages d'inspiration surréaliste et psychanalytique, inspirés par Cocteau. Elle tente en vain de participer à la fédération de l'avant-garde américaine au début des années 50. C'est en son honneur qu'en 1962, un an après sa mort, Jonas Mekas réalise son rêve en fondant, avec d'autres cinéastes, The Film-Makers' Cooperative.





Belle de nuit de Luciano Emmer - Bella di notte (1997, 28 min)
         

La Galerie Borghese est l’un des plus beaux musées de Rome, au cœur du grand parc de la Villa Borghese. En 1997, après quatorze ans de fermeture pour une rénovation complète, elle ouvre à nouveau au public. C’est à cette occasion qu’il est proposé à Luciano Emmer de réaliser un film. Il a alors l’idée de se mettre en scène, lui le vénérable réalisateur de films sur l’art depuis les années quarante et auteur de savoureuses comédies néo-réalistes.

Il nous convie à une visite privée, de nuit, lorsque tout est endormi : une déambulation à la lumière d’une lampe torche dans les salles désertes, une découverte pleine d’émotion d’œuvres immenses, tout cela accompagné par la grande culture d’un homme qui a consacré sa vie à l’art.

Luciano Emmer (1918-2009) est un réalisateur italien qui s’est fait connaître dans les années quarante avec ses films sur l’art (il est considéré comme l’ « inventeur » du genre). A partir de 1950, il tourne également des longs métrages relevant du néo-réalisme, avec notamment le scénariste Sergio Amidei (Dimanche d’Août en 1950 et Paris est toujours Paris en 1951 avec Marcello Mastroianni). Il fait alors tourner les plus grand(e)s comédien(ne)s (Lucia Bose, Vittorio de Sica, Marina Vlady, Lino Ventura), collabore avec Pasolini (La fille dans la vitrine, 1960). Il tourne jusqu’à la fin de sa vie, alternant films sur l’art et longs métrages de fiction (Le flame del Paradis, 2006).




Un amour d'été de Jean-François Lesage (2015, 63 min.)

«Un amour d'été» est un documentaire de création et et non pas une grande enquête nocturne en été sur le Mont Royal à Montréal. Jean-François Lesage le dit lui-même : «J'avais envie de constuire un monde et de camper une atmosphère comme on le fait en fiction, mais à partir de vraies personnes, de vraies conversations et de vrais ratons-laveur». Des séquences qui nous amènent à danser avec des lumières et des ombres, à scruter des visages, à deviner des silhouettes, à entendre des bruits ou des paroles que seule la nuit peut mettre en scène et nous emporter loin, très loin, de notre vie «de tout le jour».

                                                         Musique originale de Gold Zebra


Jean-François Lesage, réalisateur québécois, a été journaliste à la télévision de Radio-Canada. Ces derniers films sont "Un Amour d’été", Grand Prix 2015 de la Compétition nationale longs métrages des Rencontres internationales du documentaire de Montréal, et "La Rivière cachée" en 2017.




La déraison du Louvre de Ange Leccia (2005, 15 min.),

Le Musée du Louvre désert, après sa fermeture, de nuit : une jeune femme (Laetitia Casta) se déplace parmi les œuvres, sculptures, peintures, les frôle, s’en éloigne, dans un ballet que la caméra provoque, de l’obscurité à la lumière furtive, accompagné par la musique et les sons « disruptifs » de Frédéric Sanchez.

Images de l’art, grains de peau, traces, rapprochements et éloignements.

Rien sur les œuvres, leur appartenance, leur histoire, leur technique, leur auteur : pas de propos sur l’art autre que ce que provoque la confrontation (l’œuvre, le corps, la caméra), c’est à dire la sensualité, l’émotion esthétique et une certaine interrogation sur notre rapport à l’art, aujourd’hui, dans un musée.

Ange Leccia est un artiste plasticien et vidéaste né en 1952 à Minerviu en Corse. Ancien pensionnaire de la Villa Medicis, il est présent dans les collections de nombreux musées internationaux (New York, Paris, Hiroshima) ; il travaille également à la scénographie de spectacles (du chanteur Christophe, un ballet de Merce Cunningham). En 2009, il réalise un long métrage, La nuit bleue.